ÉNERGIE PROPRE À COÛT ABORDABLE DANS LE MONDE

Cinq agences internationales viennent de publier un rapport commun sur la réalisation, à l'horizon 2030, de l'un des Objectifs de développement durable portant sur l’accès à une énergie propre à un coût abordable. Il en ressort qu'un milliard de personnes

14 mai 2018

L'accès à une énergie propre à un prix abordable suit un «rythme général trop lent» estime la Banque mondiale (BM), une des cinq instituions internationales qui ont co-réalisé le rapport 2018 sur le progrès de l'énergie à travers le monde. Avec l’Agence internationale de l’énergie, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, la Division de statistique de l’ONU et l’Organisation mondiale de la santé, la BM déplore le fait que «le monde n’est pas en bonne voie pour atteindre d’ici 2030 les cibles énergétiques mondiales fixées par les Objectifs de développement durable (ODD)».

 

En 2015, l'ONU avait ciblé 17 ODD, dont l’accès à une énergie propre à un prix raisonnable. La réalisation de cet Objectif est particulièrement entravée, selon le rapport, par l’électricité dans les pays les moins avancés, l’efficacité énergétique et le transport. Sur le premier point, le rapport constate que «depuis 2010, un nombre croissant de personnes ont accès à l’électricité, mais cette tendance doit encore s’accélérer si l’on veut parvenir à l’accès universel à l’horizon 2030. Si la tendance actuelle se poursuit, on estime que 674 millions de personnes seront toujours privées d’électricité en 2030».

 

Au Maroc, l'accès à l’électricité est assuré à 100% de la population dont 97% procèdent à une «cuisson propre» de leurs aliments. La cuisson des aliments par le bois, le charbon ou par des sous-produits animaux est un des paramètres qui sert à mesurer l'accès à l'énergie propre. Au niveau mondial, ils sont encore 4 millions à utiliser de tels combustibles avec des conséquences parfois fatales sur leur santé. Le rapport a constaté également qu'en dépit des progrès enregistrés dans les énergies renouvelables, «ces cas restent concentrés dans une douzaine de pays pionniers, où le taux de pénétration de l’électricité d’origine solaire peut atteindre entre 5 et 15% de la population mondiale.

 

Selon la même source, les énergies renouvelables représentent au Maroc 11% de la consommation énergétique totale. Pour mémoire, la mise en service de la centrale thermosolaire Noor I à Ouarzazate, début de 2016, devrait permettre au pays d'accroître considérablement sa capacité, faisant du Royaume le premier producteur d'énergie éolienne et solaire en Afrique du Nord». Les énergies renouvelables devraient évoluer pour atteindre 42% du mix énergétique en 2020, puis 47% en 2025 avant d’atteindre 52% en 2030.

 

Au chapitre de l'efficacité énergétique, le second point qui freine la généralisation de l'accès à l'énergie, le rapport des 5 institutions relève qu'«à l’échelle mondiale, l’intensité énergétique (quantité d’énergie consommée pour produire une unité de produit intérieur brut) a reculé au rythme accéléré de 2,8% en 2015 : c’est la baisse la plus rapide depuis 2010». En plus clair, cela signifie qu'il faut moins d'énergie pour la production d'une richesse. Malgré ce progrès encourageant, des efforts restent à déployer dans le secteur du transport, notamment le fret : «les avancées ont été plus modestes dans les transports, en particulier pour le fret, et ce défi concerne surtout les pays à revenu élevé. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, l’intensité énergétique du secteur résidentiel s’accroît depuis 2010», note la même source. Même si les progrès semblent encore timides, il y a plusieurs motifs d'optimisme comme l'a signalé le directeur général de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables.

 

«La baisse des coûts, les améliorations technologiques et les cadres favorables alimentent une croissance sans précédent des énergies renouvelables, avec à la clé un élargissement de l’accès à l’énergie, une amélioration des résultats en matière de santé et un renforcement de la lutte contre le changement climatique, mais aussi la création d’emplois et une croissance économique durable», affirme Adnan Z. Amin. Le rapport indique que six des 20 pays qui fournissent 80% de l’énergie dans le monde ont réduit leur offre annuelle sur la période 2010-2015, sans que la croissance de leur produit intérieur brut en soit affectée.

par Auteur : Samir Benmalek
source Source : Le Matin
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